"La vie de l’intelligence ne se limite pas aux idées. La pensée assemble les idées en des jugements qu’elle enchaîne eux-mêmes en des raisonnements. Pourquoi ? Parce qu’en chaque idée nous ne connaissons qu’une nature extraite d’une réalité complexe et multiple, d’un des éléments ou un des aspects du réel comme sur une photographie on ne voit un monument que sous une seule perspective. La réalité est infiniment plus riche que ce que nous connaissons en chacune des nos idées que nous explorons peu à peu tout le divers du réel.

C’est la jonction de nos idées qui se fait dans la pensée à chaque jugement ou affirmation, c’est l’enchaînement entre nos jugements quand nous raisonnons qui expriment les liens, les solidarités, les harmonies entre tous les éléments du réel.

Il en résulte que notre intelligence connaît peu de chose à la fois et qu’elle ne connaît que d’une manière successive et progressive, dans la série de ses jugements et de ses raisonnements.

La science c’est-à-dire l’ensemble de conaissances dont l’intelligence humaine est capable, est vaste et complexe, et nous ne l’acquérons que lentement, pas à pas, en allant d’affirmation en affirmation sur les nombreux chemins qui explorent le réel où il y aura toujours de nouvelles découvertes à faire. Ce que nous avons dit sur la perfection de l’intelligence ne doit pas nous empêcher de voir les imperfections de l’intelligence humaine.

D’abord dans l’ignorance, notre intelligence n’est qu’un germe, qu’une capacité : sa vraie perfection, qui est dans cette possession de la vérité par la science dont elle est capable, elle doit acquérir par l’effort de recherche, de découverte. Sur cette longue route que conduit à la vérité, l’intelligence peut se tromper, faire des faux pas, d’où la possibilité de l’erreur."

Jean Daujat

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